Fermé au public pour rénovation depuis 2022, le Château de l’environnement est géré par le Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL). Avec un projet contesté, opaque et flou pour le grand public, le PNRL a déjà collecté plusieurs millions d’euros de fonds publics, s’est endetté pour 30 ans et a délégué sa gestion de mécénat à une société privée.


Dédié jusqu’en 2022 à l’accueil des groupes scolaires, le Château de l’environnement fait maintenant l’objet d’un vaste projet de restauration de la part du PNRL. Les grandes lignes de ce projet ont été présentées lors d’une réunion publique en février 2023. Il a fait l’unanimité contre lui des riverains et des associations de défense de l’environnement.
Baptisé pompeusement « centre d’interprétation des patrimoines naturels et culturels », il comportait notamment des jardins à la française, une offre de restauration et d’hébergement, un musée, l’accueil d’événements, un parcours d’accrobranche en plus de l’accueil des scolaires. Il prévoyait 45 000 visiteurs à l’année, une aberration dans cet environnement fragile où l’approvisionnement en eau est menacé.
Il supposait l’agrandissement de la voirie et la création de parkings sur des prairies actuellement utilisées par l’un des derniers bergers.
Sa réouverture, initialement prévue pour 2025 est reportée à 2027.
Des travaux ont démarré fin février pour l’accès au château et pour la construction d’une nouvelle salle extérieure dont il n’avait pas été question lors de la présentation. Le projet initial aurait-il été remanié ? Il semble pourtant que non, en dépit des critiques dont il a fait l’objet. Il est vrai que ni le public ni Luberon Nature, malgré ses nombreuses demandes, n’ont pu en obtenir le détail. Aucune demande d’autorisation d’urbanisme ou administrative n’a été déposée.
Il existe apparemment un plan de financement global des travaux faisant l’objet de multiples révisions, mais pas de programme architectural, pas de budget ni de comptes précis, pas de compte d’exploitation prévisionnel ni de business plan.
Pour autant en quatre ans sept délibérations successives du syndicat mixte du PNRL ont voté des demandes de financement pour de nouveaux objectifs ou de nouveaux aspects du projet. L’assiette globale des dépenses a été réévaluée en février 2024 à près de 10 000 000 € HT, toujours sans la moindre justification.
Ces dépenses sont financées par diverses subventions des acteurs publics, par emprunt et par mécénat. La région et l’État interviennent dans ce montage pour 65%, le département et l’Europe pour 15%.
En 2024, le PNRL a validé un prêt d’environ 2 000 000 € avec un plan de financement fantaisiste et sans budget prévisionnel d’exploitation. Les premières échéances sont prévues en 2025 – alors que le château sera encore fermé.
Il a aussi été signé avec la société Blooming un contrat par lequel il lui délègue la création, la collecte et la gestion d’un fonds de dotation privé alors qu’il aurait dû solliciter le Fonds de dotation « Parcs naturels régionaux de France ».
Par cette délégation, il ne respecte pas les obligations imposées par la Charte éthique du mécénat et du parrainage d’entreprise dans les PNR. Le protocole d’accord ne prévoit même pas les contreparties dont bénéficiera la société Blooming. D’après le code des impôts, la gestion d’un fonds de dotation doit d’ailleurs être désintéressée.
Pourquoi, dans ces conditions, l’État, la Région, le Département continuent-ils à subventionner le PNRL ? L’association Luberon Nature a soumis à la Chambre Régionale de la Cour des comptes un signalement pour « mauvaise utilisation d’aides publiques et privées. » Sera-t-il suffisant pour mettre un terme à cette gabegie ?
Claudie Renard, Administratrice (Luberon Nature)