Vous faites des économies d’énergie l’un des objectifs de votre action environnementale, quel est le bilan d’étape?
Mon prédécesseur avait mis en place dans les années 2000 la 1ère chaudière à bois, puis avait installé des panneaux solaires au VVF. J’ai continué dans ce sens lorsqu’il a fallu rénover la médiathèque avec un système de chauffage par géothermie. Puis, l’on a rénové l’éclairage public à partir de 2005. Il est aujourd’hui orienté vers le sol à 100%, ce qui a divisé par 2 voire 3 la consommation.
Au total, cela représente 4000 euros d’économie par an par exemple sur le poste chauffage. Nous installons aussi des programmateurs hors gel et un système de régulation de la chaudière pour abaisser la consommation.
Nous poursuivons maintenant avec les économies d’eau.
Au niveau agricole, nous avons condamné les points d’eau publics sur l’eau potable au profit d’un pompage dans une réserve d’eau de source.
Nous essayons toujours d’œuvrer dans des directions de proximité avec effet immédiat.
Quelles sont vos principales craintes en matière d’environnement ?
Surtout la menace de l’éolien. Il faut être cohérent. Plutôt que des éoliennes de 150m de haut ou des champs de photovoltaïque, si chacun faisait le nécessaire pour son chauffe-eau en intégrant bien quelques panneaux solaires sur son toit ou dans son jardin, nous aurions tous fait un pas dans la bonne direction: la décentralisation de l’énergie. Il faut utiliser de petites unités pour son besoin d’autoconsommation.
Un sujet récurrent dans la région : celui des dépôts sauvages
Nous essayons de lutter avec nos moyens qui sont minimes. En relation avec la gendarmerie, on recherche des traces du propriétaire, des preuves. Mais, la réponse ne vient pas que de nous. Quand les déchetteries étaient redevenues payantes il n’y a pas si longtemps que ça, certains ne se gênaient pas: ils avaient un chantier à Sault, ils devaient rentrer à Cavaillon, ils passaient par Murs, on benne, et ni vu ni connu !…
A présent, c’est redevenu gratuit pour les professionnels ; les dépôts sauvages ont réduit fortement, mais il y en a toujours.
Et les antennes relais ?
Nous avons, pour la nôtre, essayé de concilier tous les aspects.
J’ai mis tout le monde autour de la table: le Parc, l’Etat, on en a beaucoup discuté en conseil et le maitre d’œuvre de ce projet a compris nos enjeux. L’antenne ne fait que 18m de haut. Je ne voulais pas d’une antenne qui pose problème à terme, nous nous engageons pour un temps long avec ces équipements posés sur un terrain de la commune.
Tous les opérateurs y sont. Nous n’avions quasiment aucune réception. Aujourd’hui, la quasi-totalité du territoire est couverte.
Vous avez été confronté comme d’autres communes de la région à la question des rave- parties, où en êtes-vous ?
Je ne suis pas contre ce type de manifestation, mais elles sont dangereuses lorsqu’elles se passent dans le milieu naturel avec plus de 500 personnes. Le risque d’incendie est très élevé surtout avec l’utilisation de braseros, même quand elle se tient en novembre. Le buis est sec, l’herbe jaune, le terrain extrêmement sec. En tant que 1er magistrat de la commune, vous êtes confronté à une organisation qui amène avec elle semi-remorque, matériel de sono, caravane avec groupe électrogène pour la restauration, alors qu’on se trouve dans une aire protégée.
L’ancien sous-préfet n’y avait pas apporté de réponse. Où est la cohérence de la parole publique?
C’était gênant, donc j’ai « secoué » le cocotier. L’actuel sous-préfet a pris les choses en mains avec des résultats. Il a fait appliquer la loi, mais on passe d’une situation extrême à une autre.
Les raves-parties avaient lieu sur des pistes DFCI (défense forestière contre l’incendie). Leur statut juridique a heureusement évolué : le code forestier stipule que la circulation y est interdite pour assurer la protection contre l’incendie. Donc, le Syndicat mixte forestier a mis en place une signalisation appropriée et des barrières. Cependant, cette réponse n’est pas satisfaisante : il faut fournir la clé aux ayants droits : les propriétaires et les chasseurs notamment qui ont le droit d’emprunter ces pistes DFCI. Donc, pour l’instant, avec les amendes, plus de raves-parties. Nous nous concertons avec les autres communes, mais ce n’est pas facile quand cela se passe sur un terrain privé. Le bruit passe quand même.
Nous sommes dans une région très touristique. Comment concilier tourisme, préservation de la nature et respect du monde agricole ?
C’est une compétence intercommunale, donc il y a une discussion au niveau du bassin de vie. Tout comme mon prédécesseur, nous n’avons jamais investi dans le tourisme de masse, mais privilégié le tourisme nature. Ainsi, pour le camping municipal qui date de 1981, nous n’avons pas fait d’aménagements pour faire venir une certaine typologie de campeurs, nous sommes restés dans l’esprit d’origine: venir profiter de la nature.
Certains aménagements, tels que bars et autres, ne sont donc pas prévus. On peut y entendre le chant des cigales, le grillon, etc… mais certains me le reprochent, car l’activité économique me dit-on doit jouer son rôle. Mais plus vous montez en gamme, plus les contraintes sont lourdes: ce n’est pas, je pense, la vocation d’une mairie. On vient à Murs pour y trouver le calme et je crois que mes concitoyens apprécient cette position.
Sur le site assez fréquenté des Gorges de Véroncle, avec les vieux moulins, je regrette qu’une initiative que je soutiens ne voit pas le jour : le projet avec Gordes de constituer un ENS (Espace Naturel Sensible). Mais le conseil s’y est opposé, malgré le soutien du département et du Parc, pour présenter ses atouts.
Certains ont pu se sentir dépossédés de la jouissance libre de leur propriété. Je peux comprendre cette position, mais je répète que le projet était de les maintenir comme prairies et rien d’autre. Mon rôle n’est pas d’opposer les gens: dans le cas présent, une propriétaire est farouchement opposée à ce projet, donc je n’insiste pas.
C’est dommage, il y aurait eu un vrai projet pour diriger les randonneurs, sanctuariser ces magnifiques moulins.
Où en êtes-vous du PLU?
Pour dire les choses sans détour et sans langue de bois comme j’ai coutume de le faire, le PLU aurait dû être quasiment achevé sauf qu’il existe un bémol pour lequel la communauté de communes est un peu trop lente, c’est la reconstruction d’une station d’épuration pour laquelle nous avons l’aval de la préfecture depuis 2014. Puis, la communauté de communes a voulu la rénover, pensant qu’elle serait conforme alors que toutes les études indiquaient qu’il fallait la refaire mais ils ne m’ont pas entendu. C’est ce qui bloque le PLU.
Il s’avère in fine qu’il faut bien la refaire: nous avons donc perdu plusieurs années. Les communes sont en négociation pour une acquisition foncière avec une propriété adjacente au terrain communal.
Cela étant, nous avons réduit considérablement le potentiel constructible (80%). Seul un secteur, celui des Beylons, permet quelques constructions sur les 10 ou 20 ans à venir. Nous avons bien restreint l’espace.
Un point d’actualité c’est l’exigence de transparence et le besoin de concertation, comment comptez-vous aborder la question?
Oui, c’est vrai, il y a des gens qui ont une conscience écologique, mais ils ne viennent pas forcément me voir ; peut-être que je leur fais peur! Mais à côté de ça, il y a une question de cohérence ; certains se disent écolos, mais ils roulent en 4×4 !
D’une façon générale, la population n’est pas refermée sur elle-même ; mais, on vient à Murs pour être au calme. Ici, il y a plus de résidences secondaires que de résidences principales, on a une population un peu vieillissante, on a pas mal de gens qui viennent ici par exemple pour leur retraite.
J’ai une administrée parisienne qui a pris le parti avec le confinement de venir s’installer à Murs. Et quand on doit bosser, on prend le TGV et on monte à Paris et on fait tout à distance. Il y a maintenant le pylône 4G. La fibre est en train d’être raccordée. Mon boulot, c’est beaucoup d’internet.
L’arrivée de ces nouveaux administrés est donc une opportunité, ou bien certains habitants de Murs ont des réserves ?
Nous sommes à 1h de la gare TGV d’Avignon, 1h15 de l’aéroport ; on est à 20 mn d’Apt, 30 mn de Cavaillon, 30 mn de Carpentras. Là, on a la fibre qui est train de se déployer. Vous travaillez la fenêtre ouverte. Il n’y a pas le bus, Il n’y a pas le bruit de la ville.
C’est sûr que la démographie a changé. Cela ne me fait pas peur ; pour moi, je trouve que c’est plutôt une chance pour nos villages.
Certains des plus anciens administrés ont peut-être vendu des terrains ou une maison. D’autres ne l’acceptent pas. Pourtant c’est une chance : des gens qui restent ici à l’année, qui bossent moins à l’extérieur, qui auront peut-être des enfants ? Parce que pour notre école ce n’est pas facile ; les effectifs se réduisent. Déjà, nous sommes dans un regroupement pédagogique intercommunal avec Lioux et Joucas. Il y a 71 écoliers sur les 3 communes ; donc, c’est la fourchette basse pour l’Education Nationale. Tout ceci est intimement lié.
Je reconnais que cela reste difficile pour ceux qui s’installent ici et qui ne peuvent quasiment pas construire. Donc, ils rachètent des maisons… à prix d’or ! C’est la pression de Gordes, du Luberon qui vient jusqu’à nous. Et, c’est dur pour les jeunes !… Moi-même, j’ai galéré.
Bientôt les élections régionales. Qu’attendez-vous de la région ?
Je vais continuer à assurer les missions qui me sont dévolues. Pour être franc, je ne suis pas forcément le meilleur exemple du magistrat local rural qui regarde la politique régionale de près. Je n’ai pas forcément tout le temps à y consacrer, je travaille, j’ai un métier. De l’autre côté, quand on a eu besoin, la région a toujours répondu présente. Je suis élu depuis 1995, et je trouve que la région a toujours été là lorsqu’on a en eu besoin. On a toujours eu l’écoute et la réponse.
Propos recueillis par Robert BOZZA, William BOUVIER, Alain WIEDER pour Luberon Nature