Le Luberon est riche de neuf sites Natura 2000 faisant partie du réseau européen éponyme qui vise à protéger la biodiversité. Ces derniers mois, Luberon Nature a participé aux comités de pilotage (COPIL) de deux sites Natura 2000 : “Le Calavon et l’Encrème” et le “Massif du Luberon”. Ces deux sites abritent des espèces emblématiques mais malheureusement menacées tel le Vautour percnoptère ou le Pélobate cultripède.
Au total, le Parc naturel régional du Luberon (PNRL) comprend sept Zones Spéciales de Conservation (ZSC) et deux Zones de Protection Spéciale (ZPS) (liste complète ici) recouvrant une surface totale de 67 707 hectares…
Le Calavon et l’Encrême
Ce site de 1000 hectares fait partie du réseau Natura 2000 depuis juillet 2015. Il est animé par le Parc naturel régional du Luberon afin de préserver la diversité biologique et assurer le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la faune sauvages d’intérêt communautaire.
Ce site Natura 2000 couvrant près de 530 ha est exceptionnellement riche avec la présence de 21 habitats d’intérêt communautaire, 19 espèces animales protégées et 11 espèces végétales à très fort enjeu local de conservation dont 8 espèces protégées.
A l’occasion de la réunion du COPIL le 30 mars 2021 (par visioconférence), le Parc Naturel Régional du Luberon, candidat au renouvellement de sa mission d’animation du site, a été réélu à l’unanimité pour 3 ans. Monsieur Didier PERELLO (Maire de Goult) a vu son mandat de Président du COPIL également renouvelé pour la même période. Le bilan de l’animation 2020 du site a été présenté aux membres du COPIL avec un compte-rendu sur les mesures de gestion et d’animation validées par le COPIL. Au titre des enjeux et stratégie de gestion des sites, il est à noter que 34 actions sont prévues par le PNRL et l’agence de l’eau entre 2021 et 2025.
Parmi les enjeux environnementaux importants de ce site on peut citer la Jussie, une espèce invasive qui menace les écosystèmes du Calavon. Des actions de luttes sont organisées régulièrement par le PNRL et le Syndicat Intercommunautaire Rivière Calavon-Coulon (SIRCC) auxquels Luberon Nature souhaite s’associer avec l’aide de ses adhérents quand la situation sanitaire le permettra.
Un autre enjeu emblématique de ce site est la présence du Pélobate Cultripède, un amphibien protégée (liste rouge de l’IUCN) qui connaît depuis plusieurs dizaines d’années une dégradation importante de son état de conservation. Le Pélobate est une espèce à forte valeur patrimoniale présente uniquement en France et sur la péninsule ibérique. Sur le périmètre de la zone NATURA 2000, il existe un foyer écologique très important de cette espèce (21 mares de reproduction représentant 50% des sites de reproduction de l’espèce) dont la reproduction est menacée par la fragmentation du paysage et la sécheresse (fin du stade larvaire en juillet au moment de l’étiage minimum du Calavon).
Une action de marquage par puce de 500 individus pour le suivi de la population (ratio mâles/femelles, déplacements, etc.) a été entreprise.
Il est à noter également que le site de La Pérussière, opération de restauration du lit du cours d’eau, recréer le méandre pour en ralentir son débit, début des travaux 6 septembre 2021. Enfin un autre enjeu majeur sur ce site est bien évidemment la sécheresse qui sera certainement forte cet été 2021 étant donné la pluviométrie faible pendant l’hiver et le printemps 2020-2021
Massif du Luberon
Le site Natura 2000 du Massif du Luberon contient en réalité deux zones de protection : La ZSC “Massif du Luberon” et la ZPS du “Massif du Petit-Luberon”.
Les ZPS Natura 2000 ont pour vocation la conservation des espèces d’oiseaux menacées, vulnérables ou rares. Celle du “Massif du Petit-Luberon” établie en 2003 recouvre une zone de 17 049 hectares répartis sur 25 communes. Avec 32 espèces d’oiseaux de valeur patrimoniale, elle est d’importance nationale et internationale. Elle représente un noyau source pour le Vautour percnoptère, rapace en danger d’extinction au niveau mondial et elle abrite aussi des couples d’Aigle de Bonelli qui sont en danger au niveau national. Ce site est d’une grande richesse mais très vulnérable (plus d’informations sur le site du PNRL).
La ZSC “Massif du Luberon“ comprend 17 habitats d’intérêt communautaire (dont 3 prioritaires) et de nombreuses espèces animales et végétales patrimoniales protégées (14 inscrites à l’annexe II et 28 s à l’annexe IV de la Directive européenne Habitats).
Le COPIL de ces deux sites s’est tenu le 9 avril 2021 (en visioconférence). Comme pour le “Calavon et l’Encrême”, la mission de gestion et d’animation a été de nouveau confiée au PNRL à l’unanimité pour 3 ans. La Présidence du COPIL a été confiée par les collectivités à Madame Amélie Jean (Maire de Puget).
ZPS Massif du Petit-Luberon
Pour cette zone le bilan de l’animation en 2020 a été présenté par Julien Baudat-Franceschi du PNRL. Il est à noter que la période n’a pas donné lieu à un contrat Natura 2000 pour des raisons de mise à jour de la stratégie du Parc. L’action de gestion principale a été d’assurer l’entretien et l’approvisionnement des placettes de nourrissage qui a été compliquée par la crise sanitaire. Le dossier d’un itinéraire cyclable (Véloroute) sur la route des crêtes du Petit-Luberon a aussi été évoqué. Ce projet qui nous inquiète particulièrement à Luberon Nature semble être en dormance.
Le PNRL a fourni au Département porteur du projet des éléments techniques relatifs aux enjeux (oiseaux, flore, reptiles, etc.) ainsi que des propositions pour limiter le trafic sur la portion de Vidauque qui est la plus sensible pour le Vautour percnoptère. Ces éléments ne sont malheureusement pas rendus public.
Sur le front des bonnes nouvelles, la recolonisation de la ZPS par l’Aigle de Bonelli se confirme avec 3 couples nicheurs et 2 jeunes à l’envol en 2020. Cependant l’emblématique Vautour percnoptère souffre car sur les 5 couples nicheurs 2 ne se sont pas reproduit. Il semble que ces échecs soient liés aux dérangements post déconfinement de la fin du printemps 2020 et l’augmentation de la fréquentation du Petit-Luberon.
A noter aussi une étude sur les passereaux conduite par la LPO au printemps 2020 qui a mis en évidence la présence de 47 espèces avec une large domination des espèces forestières, mais malheureusement aussi la confirmation de la disparition de 3 espèces : le Bruant ortolan, le Traquet oreillard et la Fauvette à lunettes ainsi qu’une espèce en sursis : la Pipit rousseline. La cause principale semble être la fermeture des milieux.
Pour 2021-2022 les objectifs annoncés comprennent pour le Vautour le renforcement du réseau de placettes de nourrissage et l’exploitation des résultats de l’étude sur les passereaux.
ZSC Massif du Luberon
Le bilan de l’animation 2020 a été présenté par Madame Sophie Bourlon (PNRL). L’accent a été mis sur certaines actions de sensibilisation et de communication, les actions concernant les aménagements en faveur des chauves-souris et les “mesures agri-environnementales climatiques” tel que l’amélioration ou le maintien des pratiques de gestion pastorale adaptées aux enjeux de biodiversité avec l’implication des associations pastorales et des éleveurs. plusieurs actions sur le Petit et le Grand Luberon tel que le retour du pâturage sur les forêts communales (Lauris, Bonnieux et Lacoste) ou des travaux de débroussaillement et d’élagage sur Buoux.
Le suivi des populations de chiroptères est un des enjeux importants de cette ZSC. Le Minioptère de Schreibers, une des espèces de chauve-souris protégées, a fait l’objet d’une étude télémétrique pour l’amélioration des connaissances la concernant et cela principalement sur la colonie de Ménerbes.